Jessie

"Sleeping beauty" cause they only shut up when you sleep


 

 In my previous article, I told you about the way women present themselves through social media (e.g. Instagram). They are confident and very focused on their physical appearance. This virtual image of oneself, whether it is voluntary or not, is really interesting. What is more interesting is people's criticism. From my point of view, what bothers the spectators (both male and female) is the way women impose themselves with their feminine bodies: rebellious and daring. The problem is that rebellion, freedom and insubordination bothers some people.

 

“But women feel the need to say it again: violence is not a solution” Virginie Despentes, King kong théorie, English translation by Jessica Soueidi”

 

When the Lebanese author, Hanan el-Sheikh writes the story of the One thousand and One nights: a retelling, she tries to show that violence is not the answer to violence. As soon as Scheherazade learns that King Shahrayar has decided to execute all the women of his kingdom after deflowering them, she sets up an intellectual stratagem. She will convince her father to let her get married with the executioner in order to manipulate him. She will tell him a thrilling story that will last all night and at the early morning, the king decides to keep Scheherazade alive in order to listen to the rest of the captivating story. This ritual will last one thousand and one nights. At the end, Shahrayar falls in love with Scheherazade's wisdom and decides to marry her.

 

 Indeed one can admire the heroine’s courage and intelligence as she seduces a man by her intellectual talent and not by her physical appearance. But is she really to admire? Should we consider her as a free woman, an avant-garde feminist? Yet she is the portrait of the submissive woman as she strives to satisfy an immoral and cruel king to get what she wants.

 

“I killed Scheherazade [...] Because instead of resisting [...] this idiot offered to tell me a story in exchange of her life” (Joumana Haddad, I killed Sheherazade, Confession of an Angry Arab woman, English translated by Jessica Soueidi)

 

Why should we negotiate over our basic rights? Joumana Haddad decided to kill Scheherazade in order to free women from this unjustified submission towards men. We should always keep in mind that we are just as independent as men and that we have the right to be rebellious. It doesn’t matter whether we are too feminine or not enough, intelligent or stupid, thin or big, rebellious or sweet, we will be constantly criticized. We shouldn’t ever try to satisfy anyone else but ourselves; as in order to satisfy men, we should let them have the control on us. Sleeping beauty could never have woken up without the kiss of a prince charming...

 

"Many days later, Elizabeth wrote to Mary without ever revealing that she is Martin Capet. During almost four years, she has written interviews (disguised as Martin), and published articles denouncing men discriminatory acts. 

Martin is in Paris; it is 9 pm. Headaches are unbearable. He just came back from an interview with Annie Le Brun. He finally got home, in his huge flat Avenue d'Iéna. His success brought him a lot of money and antidepressants. You know, these kinds of heavy drugs that keep you addicted. Codeine for migraines and Xanax to keep you warm! He removes his shoes, his wig, and his beard. Damn it! Another book to read for tomorrow’s interview. No time to eat. A glass of cognac with the pills, just for the habit! He is sitting on his desk, reading and highlighting some sentences in the book. He has been working for three long hours and he’s falling asleep but he still wants to drink a small glass that will knock him out! He decides to shower tomorrow morning. He is now lying on his bed, almost naked; he forgot to take off his socks! It's time to dream. He is thinking of her, that pretty woman he loves, whom he desires more than anything! But the problem is that she is different. She likes women, he thinks! He imagines her next to him, submissive, as he likes, but the idiot has taken too much pills, he falls asleep, too bad for the dream."

 

French version:

 

Dans mon article précédent, je vous parlais de la façon dont les femmes se présentent aujourd’hui à travers les réseaux sociaux (notamment Instagram). Sûre d’elles et très concentrées sur leur apparence physique. Je trouve ça intéressant l’image virtuelle qu’on renvoie de nous-même, qu’elle soit volontaire ou non. En réalité, ce qu’il y a d’intéressant c’est le regard et les critiques des autres. De mon point de vue, ce qui gêne les spectateurs c’est la façon dont les femmes s’imposent avec leur corps magnifiquement féminin : rebelle et osée. Il est là problème : la rébellion, la liberté, l’insoumission… ça en dérange certains (es).

 

« Mais des femmes sentent la nécessité de l’affirmer encore : la violence n’est pas une solution. » (Virginie Despentes, King Kong théorie, collection Livre de Poche, Editions Grasset et Fasquelle, Paris, 2006, p. 46.)

 

Lorsque Hanan el-Cheikh, auteur libanaise, reprend le récit des Mille et Une Nuits dans La maison de Schéhérazade, elle tente de montrer que la violence n’est pas la solution contre la violence :

 Lorsque Shéhérazade apprend que le roi Shahrayâr a decidé d’exécuter toutes les femmes de son royaume après les avoir déflorée, elle met en place un stratagème intellectuel. Après avoir convaincu son père de la marier avec le bourreau, elle tente de manipuler ce dernier. Lors de leur soirée de noce elle lui conte une histoire palpitante qui va durer toute la nuit et au petit matin, le roi étant curieux de connaître la suite décide de garder Schéhérazade en vie. Ainsi ce rituel se déroule durant mille et une nuits. Shahrayâr tombe sous le charme de la sagesse de Schéhérazade et décide de l’épouser.

 

En effet on peut admirer le courage et l’intelligence de l’héroïne qui séduit un homme par son talent d’oratrice et non par son physique. Mais est-elle vraiment à admirer ? Devons-nous la considérer comme une femme libre, une féministe avant-gardiste? Pourtant elle est le portrait de la femme soumise puisqu’elle s’efforce de satisfaire un roi immoral et cruel afin qu’il l’épouse.

 

« J’ai tué Schéhérazade […] A dire vrai, ça n’a pas été un meurtre si difficile. Car au lieu de résister […] cette imbécile m’a proposé de me raconter une histoire en échange de sa vie. » (Joumana Haddad, J’ai Tué Schéhérazade, Confessions d’une femme arabe en colère, traduit de l’anglais par Anne-Laure Tissut, préface d’Etel Adnan, coédition Actes Sud-Leméac, collection Babel, 2010,(é. o. éditions Al-Saqi Books, Londres, 2010), p. 137).

 

C’est pour cette raison que Joumana Haddad a décidé de tuer Schéhérazade afin de libérer les femmes de cette soumission injustifiée envers les hommes. Elle nous rappelle que nous sommes toute aussi indépendante que les hommes et que nous avons le droit d’être rebelle. Le récit de Hanan El-Cheikh place le statut de la femme du côté de l’intellect et de la douceur et non du côté de la rébellion. Que nous soyons trop féminines ou pas assez, intelligentes ou stupides, minces ou grosses, rebelles ou sages nous seront sans cesse critiquées. Car pour satisfaire les hommes il faut les laisser nous manipuler. La belle au bois dormant n’aurait jamais pu se réveiller sans le baiser d’un prince charmant…

 

« Les jours n’ont cessé de défiler, Elizabeth a écrit à Mary sans jamais lui révéler qu’elle est Martin Capet. Cela fait quatre années qu’elle accumule les interviews (déguisée en Martin), et qu’elle publie des articles dénonçant les actes discriminatoires des hommes.

Paris. 21 heures. Les maux de têtes sont insupportables. Martin rentre d’une interview avec Annie Le Brun. Sa seule hâte est d’arriver chez lui, dans son immense appartement Avenue d’Iéna. Son succès lui a rapporté une grande somme d’argent et des antidépresseurs. Ce genre de cachets dont il ne faut pas exagérer. De la codéine pour les migraines et du Xanax pour réchauffer le coeur ! A peine arrivé, il retire ses chaussures, ses cheveux, sa barbe. Mince ! Encore un livre à lire pour l’entretien du lendemain. Pas le temps de manger. Un verre de cognac avec les cachets, juste pour l’habitude ! Assis sur son bureau de journaliste, il lit, surligne certains passages. Trois bonnes heures de boulot, les yeux qui se ferment tout seuls et encore un petit verre pour s’assommer ! La douche ça sera pour demain matin. Il s’allonge sur son lit, presque nu, il a oublié d’enlever ses chaussettes ! C’est le moment de rêver. Il pense à elle, cette jolie femme qu’il aime, qu’il désire plus que tout ! Mais le problème c’est qu’elle est différente. Son truc à elle ce sont les femmes, pense-t-il ! Il l’imagine prés de lui, soumise comme il en rêve, mais l’idiot a prit trop de médicaments, il s’endort déjà. Tant pis pour le rêve. »


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